Spectacle Ciné Musical Commenté- Elles n'en font qu'à leur tête, lui aussi !


ELLES N'EN FONT QU'À LEUR TÊTE ! Lui aussi...
UN SPECTACLE CINÉ MUSICAL (ET PARLÉ) DE JACQUES CAMBRA

Une création conçue à partir d'un programme de neuf court-métrages muets réalisés entre 1906 et 1911
par Jean Durand, Louis Feuillade, Henri Gambart, Alice Guy, André Heuzé...
avec Mesdames Renée Carl et Sarah Duhamel
et Messieurs Lucien Bataille, Ernest Bourbon, Edmond Bréon, Maurice Schwartz...
Produits par Léon Gaumont et Charles Pathé.

Commentaires et Musique de Jacques Cambra

AFFICHE (Web) : ICI
FICHE TECHNIQUE DU SPECTACLE : ICI
DOSSIER PÉDAGOGIQUE : ICI (en cours de rédaction - sur demande)

PRÉSENTATION : Qui sont ces acteurs, réalisateurs ou producteurs français du début du XX° siècle, totalement "effacés" de nos mémoires, mais dont le génie a pourtant inspiré les plus grands des burlesques américains ? Oui, ceux-là même que nous chérissons encore aujourd'hui comme Chaplin, Keaton, Laurel & Hardy et les autres ! Le spectacle "Ciné Musical et commenté "ELLES N'EN FONT QU'À LEUR TÊTE, LUI AUSSI !" que j'ai déjà pu présenter dans sept villes (voir les coulisses d'une tournée) souhaite lever un pan du voile, avec paroles & musique ! Voyons un peu...

CES ILLUSTRES HERITIERS AMERICAINS

Charlie Chaplin considérait le français Max Linder (Première star mondiale du Cinéma dès avant 1914) comme son professeur. Et le producteur Mack Sennett, qui dès la fin de 1913, permit à Charlot de voir le jour au cinéma, déclarait quand à lui " tout devoir aux comiques français ".

⇔ Max Linder (Comoedia, fév. 1920)
"Charlie Chaplin, que je n'avais pas vu depuis deux ans, est toujours l'affectueux camarade que j'avais quitté ".


Mack Sennett (mémoires)
"Pendant longtemps on m'a considéré comme l'inventeur du comique cinématographique qu'on appelle slapstick, mais il est temps que je confesse la réalité. Ce sont les français qui l'ont inventé et je n'ai fait que les imiter. Ils sont allés beaucoup plus loin que moi dans ce domaine".

CES CREATEURS OUBLIES DU CINEMATOGRAPHE

Qu'ils soient acteurs comme Renée Carl, Sarah Duhamel, Lucien Bataille, Ernest Bourbon, Edmond Bréon ou Maurice Schwartz, réalisateurs tels Alice Guy, Louis Feuillade, Jean Durand, André Heuzé, Henri Gambard ou producteurs, Léon Gaumont ou Charles Pathé, tous les protagonistes de ce programme furent avant tout "les conquérants d'un nouveau monde" ! De véritables aventuriers dans cette France de l'après-guerre de 1870 et dont l'esprit gouailleur, léger, et même grinçant, allait recevoir des coups presque mortels en 1914.

En 1906, date à laquelle furent réalisés les deux films les plus anciens du programme, Une femme collante et Madame a des envies, le cinématographe avait à peine plus de 10 ans. D'ailleurs, leur création est attribuée à Alice Guy, première femme metteur en scène de cinéma au monde, sous les auspices de Léon Gaumont qui l'avait tout d'abord engagée comme secrétaire. Et qui pourrait deviner que Charles Pathé, qui a commencé sa carrière professionnelle comme charcutier ambulant, se dirigea ensuite vers l'élevage de perroquets, avant d'opter pour l'animation phonographique pour finalement se tourner définitivement vers ce cinématographe naissant. Ou que Jean Durand déclara désabusé : " je suis un raté car j'aurais voulu être braconnier, et je suis un type qui fait des films ". 
Avant de découvrir le détail de chacun de ces films, vous pouvez (en cliquant sur les images), vous balader dans la galerie de portraits ci-dessous, afin de découvrir quelques uns de ces protagonistes. 

LES FILMS

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La Pile électrique de Léontine (France - 1910 - 6')
Avec le premier film du programme, nous partons à la rencontre de la jeune et bouillante Léontine. Cette authentique petite peste a réussi à s'emparer subrepticement de ce qui pourrait s'apparenter à l'ancêtre du taser et en use avec joie diabolique contre tous ceux qu'elle croise sur son passage : vieilles dames, policiers, menuisiers ou danseurs, tous vont goûter aux foudres du progrès électrique ! Et cette gosse est maligne ! A tel point que sa véritable identité a été perdue : on ne sait plus aujourd'hui quelle est l'actrice qui a incarné ce personnage - AVIS DE RECHERCHE !

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La grève des nourrices de André Heuzé (France - 1907 - 12')
Le long-métrage du programme met en scène une armée de nourrices, pas franchement satisfaites de leurs conditions de travail. Elles nous démontrent brillamment que si l'union fait la force, mieux vaut ne pas être un bébé trop chétif pour côtoyer le poids de leur revendications ! Et ce n'est pas une police, alliée aux bébés pour la circonstance, mais totalement débordée qui nous dira le contraire...  

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Une dame vraiment bien de Louis Feuillade, avec Renée Carl (France - 1908 - 4')
Par la seule force de sa présence à l'écran, Renée Carl permet ici à Louis Feuillade de réaliser un film selon des principes narratifs qui lui sont chers. Ces principes, ils ont été rappelés par Henri Fescourt (un autre réalisateur de cette époque, à qui l'ont doit - entre autres - un magnifique Monte Cristo que j'ai eu la chance d'accompagner au piano) : "l'unité, la continuité même de l'action dans la diversité des lieux était son principe".
A la suite de Renée Carl, laissons nous embarquer dans ce Road Movie pédestre, où le charme irrésistible de cette grande dame bouleverse quelque peu le quotidien des messieurs qui la croisent...

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Monsieur veut se marier de Louis Feuillade, avec Edmond Bréon (France - 1910 - 8')
Monsieur fait la cour à Madame : quoi de plus naturel quand on est jeune, beau garçon et possédant l'aisance dans sa situation ? Seulement voilà ! La bonne de Monsieur a aussi des vues sur Monsieur, et elle possède visiblement un caractère à même de lui permettre d'aller au bout de ses souhaits... 
Toujours avec le même principe d'unicité de l'action, Feuillade met ici en scène l'excellentissime Edmond Bréon, à qui il fera d'ailleurs à nouveau appel pour réaliser la première adaptation de Fantômas en 1913. Edmond Bréon y fut le commissaire Juve et l'incontournable Renée Carl y incarna la mystérieuse Lady Beltham. Avec l'unicité de l'action, le principe de "troupe" était également très cher au réalisateur. 

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Madame a des envies attribué à Alice Guy (France - 1906 - 5')
Certes, les envies de Madame perturbent légèrement le cours des choses... Mais quel beau bébé à la fin !
La modernité avec laquelle Alice Guy (si c'est bien elle) utilise les gros plans pour nous livrer l'intériorité des pensées de cette dame qui "a des envies " est proprement saisissante ! Pas loin d'annoncer ces expressionnistes (allemands entre autres) qui étaient devenus maîtres dans l'art de filmer les pensées de leurs personnages ; mais c'était au mieux une décenie plus tard. Impossible je crois à quiconque qui découvre ce film d'en deviner l'année de réalisation : à vous de voir. 

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Non, tu ne sortiras pas sans moi de Jean Durand (France - 1911 - 5') avec Ernest Bourbon (Madame Pied) et Lucien Bataille (Monsieur Pied)
Extraordinaire Jean Durand, qui fut un des trois grands de la maison Gaumont (avec Louis Feuillade et Léonce Perret) et un virtuose absolu de la destruction totale ! Tout ce qui croise sa route (y compris les gens) est soit pulvérisé, soit éjecté avec un entrain aussi dynamique qu'inattendu et dans un systématisme jubilatoire ! Mention spéciale aux deux acteurs principaux qu possèdent une maestria acrobatique telle qu'elle leur permet (nous semble-t-il) de se transformer eux-mêmes en objets. Tout ça avec un sens du rythme quasi musical : c'est simple, on dirait du Keaton avant Keaton.

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Little Moritz enlève Rosalie de Henri Gambart (Pathé frères - 1911 - 7') avec Sarah Duhamel et Maurice Schwartz
Littel Moritz (Maurice Schwarz) et Rosalie (Sarah Duhamel) étaient chacun les vedettes d'une série portant leur nom. Mais de temps en temps, tels les duos télévisuels de chanteurs concoctés par Maritie et Gilbert Carpentier dans les années 1980, les héros des séries se rencontraient pour le plus grand plaisir du public. Ici, Roméo rencontre sa Juliette. Enfin, presque...
Par contre, si quelqu'un parmi vous connaît Henri Gambart...

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Une femme collante attribué à Alice Guy (Gaumont - 1906 - 3')
La conscience de classe résumée en trois minutes. Franchement quel autre moyen d'expression que le cinématographe pourrait en dire autant en si peu de temps. C'est saisissant ! Peut-être touchons-nous ici du doigt ce que le grand théoricien et cinéaste soviétique Lev Koulechov nommait "la cinématographicité du cinéma", qui fait que ce dernier est seul à pouvoir exprimer cet "ineffable" que l'on aurait bien du mal à évoquer sous une autre forme, surtout dans un temps si bref. Trois minutes ! Ne perdez pas une image. 

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Léontine s'envole (Pathé frères - 1911 6')
En plus d'être une sale gosse, Léontine fait des caprices. Et comme les adultes lui passent tout, nous voilà emportés, dans une dangereuse mais magnifique ballade aérienne au dessus de Nice et son arrière pays.
Le final grandiose (et pétaradant) de ce film qui conclut le programme est à la hauteur du caractère de cette petite peste, et de la bonne humeur destructrice et jubilatoire de ces géniés oubliés du cinématographe des origines !

CONTEXTE DES FILMS ET COMMENTAIRES PENDANT LE SPECTACLE

" Le cinéma, ce n'est pas une reproduction de la réalité, c'est un oubli de la réalité. Mais si on enregistre cet oubli, on peut alors se souvenir et peut-être parvenir au réel ".
Jean-Luc Godard

" Ce film [enfermés dehors] est né d'une attitude inconsciente qui consiste à regarder les travers du monde avec un nez rouge ".
Albert Dupontel

Les deux citations qui précèdent reflètent joliment l'intention première du spectacle qui propose, en plus d'accompagner les films (muets) musicalement, de présenter oralement chacun d'entre eux.
D'un point de vue cinématographique bien sûr (et entre les cascades, les personnalités incroyables de ces acteurs, réalisateurs, producteurs, il y en a des choses à dire). Mais aussi en replaçant dans un contexte d'époque les thématiques et péripéties choisies par les réalisateurs pour la plus grande joie du public.

1906 - 1911, c'est la séquence de temps qui encadre les neuf films du programme. Armand Fallières est président de la République et le président du Conseil Georges Clémenceau détient le contestable record du nombre de grèves violentes en un seul mandat.
Voilà un exemple du monde d'alors, dans lequel s'inscrivent les réalisateurs, et notamment André Heuzé et sa grève des nourrices (2° film du programme).

Et puis 1910, c'est seulement dix ans après l'exposition universelle de 1900 où fut mise à l'honneur "la fée électricité". Munie de son nez rouge, Léontine nous montre à quel point la vertu électrique possède son revers vicieux : il suffit pour s'en convaincre de mettre les doigts dans la prise... Et voici ainsi interrogée (par le prisme comique) la notion de progrès technique. 

DES FILMS... où l'on cotoie des mouvements sociaux et la difficulté à faire régner l'ordre, une technologie abandonnée aux mains des enfants, des passions irraisonnées pour le "Dieu Progrès", et bien d'autres choses.
C'est saisissant de constater à quel point le monde d'avant trouve un écho troublant dans notre actualité contemporaine. Bien sûr, tout cela est vu à travers le prisme du rire. Mais comme le rire est universel, ce programme comique nous donne directement accès à une foule de sensations et questionnements, qui résonnent en nous pendant et même après la séance. 

... COMMENTÉS. Précédant chacun des films, les nombreuses anecdotes sont là pour permettre à chacun, petits et grands, de profiter au maximum de ce moment unique de la séance, en intégrant à ses pensées, les pensées de cet autre monde, monde ancien, mais qui nous ressemble tant !


 

LA MUSIQUE

 

 

Une très courte évocation sonore du spectacle,  à travers cette petite mélodie originale d'une minute...

 

Merci à Chloé Henry, élève du Creadoc d'Angoulême, pour ce beau travail de montage et compilation de l'entretien fleuve que nous avons eu tambour battant le lendemain de la présentation du spectacle à la Cité Internationale de la BD d'Angoulême. On y parle (notamment) de la question du choix de l'accordéon diatonique en lieu et place du piano. J'ai aimé ce moment où elle m'a poussé à mettre des mots sur toutes ces réflexions. 

Ciné Concert Accordéon diatonique Court-Métrages Elles n'en font qu'à leur tête Boniments

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